L'accélération du temps humain nous emprisonne. Elle nous emprisonne d'autant plus qu'en voyage, prendre le temps de respirer est essentiel mais quasi impossible. Elle nous étrangle.
Heureusement, l'écriture ne s'accélère pas. Pas tellement, pas toujours. Le voyage, approprié comme "son voyage", s'annonce médiateur et puis intermédiaire, pour dire qu'il n'est nullement inutile pour l'écriture, devenue, à cette instant, une des seules occasions pouvant transformer le voyage en l'exil littéraire, le voyageur en l'auteur. On voyage, on se dépayse. Le dépaysement prépare l'auteur au voyage et permet son éxil littéraire. Etre voyageur, ou être ailleurs. C'est la même chose. Ecrire et voyager, c'est presque la même chose. En ce sens que l'écriture se rapproche du voyage, mais avec une distance. Sans même rendre compte que l'écriture et les styles de ces voyages textuels ou ultra-textuels se libèrent l'un de l'autre.
L'écriture est du voyage, lorsqu'avoir du temps pour écrire s'impose, à chacun des voyageurs, non comme tradition mais comme revendication. Elle se désacralise, parce qu'il ne s'agit pas d'un objet de luxe. Il s'agit d'une question biopolitique.
Où va la liberté de respirer pour le voyageur ?